Bailarinas, bailarines,
Pourquoi diable avoir choisi pour titre d’un événement de tango un vocable imprononçable comme les « Intanguptibles » ? Beaucoup de tangueros sont d’anciens enfants du rock. Et au delà de la référence au magazine « Les Inrockuptibles » dont l’édition argentine vient de prendre fin (Los Inrockuptibles 1996-2018), le titre évoque en seconde instance la notion d’incorruptibilité.
En effet, dans la période d’uberisation de l’économie et de saturation narcissique que nous vivons, le tango argentin est l’objet de convoitises de la part des camelots et des gourous. Parfois l’inanité touche au burlesque … ainsi non loin de Montpellier sur le site d’un « professeur », celui-ci affirme sans rire enseigner « les 3 types de tango : le tango bachata, le tango kizomba et le tango argentin ». Autre exemple, le programme d’une « Neolonga » qui surenchérit dans le n’importequoitisme : « Sur les mêmes musiques, le tango suivra le sens du bal, et le zouk brésilien sera au centre de la piste »…Dés lors, en dépit des leçons de l’histoire (en France le tango argentin s’est déjà dissout dans la musette), autorisons-nous à organiser une neo-marathonade à Saint Jean de Cuculles (village fleuri) où des tangueros danseraient le merengué napolitain dans le sens inverse du bal sur un enregistrement de « La Walkyrie » par le Philharmonique de Berlin dirigé par le pizzaloïo du coin, tandis qu’au centre de la piste des derviches tourneurs de Kali danseraient le fox trot berbère du haut Atlas. Un lavage de cerveau à base d’eau bénite tibétaine serait compris dans le pass, payable directement par carte bleue avec option assurance-rapatriement d’urgence à dos d’éléphant jusqu’au dispensaire de Saint Afrique en cas d’indigestion post-wagnerienne. Bref, le tango, il y a ceux qui le servent et ceux qui s’en servent. « Les Intanguptibles » c’est donc une formule de ralliement, une invite à ne pas concéder le moindre centimètre de parquet flottant à la démagogie. Et parler c’est bien agir c’est mieux, proposer aux tangueros ce que la planète tango compte de plus enthousiasmant, en tout premier lieu les plus importants maestros, c’est marquer le respect qu’on porte à une culture et à une communauté.
Il y a moins de deux ans, l’association A Bailar Tango accueillait les jeunes champions du monde 2015, Clarisa Aragon & Jonathan Saavedra pour des stages et démonstrations, une première en France. Leur prestation eut un certain retentissement puisque les vidéos captées au Salon de Tango par Jonas dépasseront bientôt les 200 000 vues sur youtube. La captation de « Tigre viejo » frôle à elle seule les 80 000 vues, l’une des meilleures audiences parmi des centaines de la chaine berlinoise 030 Tango https://www.030tango.com/channel/les-intanguptibles/, précédée uniquement par les scores de Noelia & Carlitos et Roxana & Sebastian, … Car depuis lors, le couple a rejoint le cercle restreint des maestros les plus admirés, les plus suivis, ceux qui occupent les têtes d’affiche des plus grands festivals.
Leur connexion parfaite et leur spectaculaire virtuosité leur permettent d’explorer tous les registres, même les plus redoutés, comme l’univers musical de Rodolfo Biagi. Mises à part pour les valses et milongas très souvent interprétées, « Las manos brujas »* n’avait pas encore trouvé ses interprètes idéaux. Pour rendre au plus prés le style si particulier de ce musicien, ses fulgurances et ses espiègleries, il faut innover et être habité soi même par un certain sens de l’humour.
El Rapido
https://www.youtube.com/watch?v=wLMT-_0VRHY&t=9s
El Recodo
https://www.youtube.com/watch?v=319bmqlT4vY
https://www.youtube.com/watch?v=PQKhtZ5xCY0
La Maleva
https://www.youtube.com/watch?v=2DYTh0SP_F8
El Yaguaron
https://www.youtube.com/watch?v=mmVhvfE85P4
Installés à Berlin, Clarisa & Jonathan retrouveront de nouveau El Salon de Tango à Montpellier pour 3 jours de stages et milongas.
Quant au triple K annoncé derrière les platines, il est composé de deux DJs européens installés à Paris, Karel Yon, Konrad Krynski et de DJ Karole Pachabézian de retour en special guest du Kompas au Klapas**
Les démonstrations feront l’objet de captations vidéo de la part de Jonas Zadow de 030 Tango, et une petite restauration sera assurée dimanche 8 décembre par le Food Truck « El Gauchito Empanadas ».
* surnom de Biagi (trouvé par le directeur de publicité de la firme Palmolive).
** le Clapas, c’est le surnom occitan de la ville de Montpellier par allusion au rocher du Peyrou, point culminant du centre ville. |